Ce texte, intégralement repris, a été publié la première fois sur le site rue89.com le 4 août 2010 par un certain Badboys.
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et quand mes parents étrangers, lors de mes 16 ans, m'ont demandé si je souhaitais embrasser la nationalité française, je ne me suis même pas posé la question.
Je ne concevais tout simplement pas que l'on puisse un jour me poser cette question. Bon Dieu ! Quand vous naissez, que vous ne connaissez presque rien d'autre que votre histoire de France, que vous avez côtoyé chaque jour de votre vie des jeunes ou des plus âgés et que votre vécu est intimement lié à ce pays qui vous a vu naître, dans lequel vous avez été élevé et pour lequel votre institutrice que vous nommiez par son prénom, ne vous a jamais différencié des autres, comment peut-on aujourd'hui, pour des questions électoralistes, accepter une telle ignominie ?
J'ai fait mon service et je me pliais aux ordres
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et quand j'ai reçu ma convocation pour effectuer mes trois jours, je ne me suis même pas posé la question. J'y suis allé, cela n'a duré qu'une journée, mais je le savais.
J'ai choisi de faire des études et quand on m'a appelé pour effectuer mon service militaire, je ne me suis même pas posé de question, j'ai embrassé ma mère, j'ai embrassé mon père, j'ai embrassé mes frères et surtout le tout petit qui ne comprenait pas tout et j'y suis allé, sans même que mes parents me posent de question.
J'ai fait mon service et je crois encore aujourd'hui que mes supérieurs hiérarchiques était contents de moi. Pas d'emmerde, je faisais ce que l'on me disait de faire. Je me pliais aux ordres, faisant systématiquement preuve de discipline et parfois, assez rarement, je demandais des explications quant aux ordres donnés. Pas par bravade mais simplement, pour des raisons de compréhension. Jamais mes supérieurs ne m'en ont tenu rigueur car ensuite, les ordres m'apparaissaient plus cohérents et je m'y pliais sans rechigner.
J'avais un emploi qui me plaisait
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et quand j'ai quitté l'armée, quand j'ai terminé mes études, j'ai pointé au chômage et j'ai refusé de demander le RMI. J'ai ma fierté et une bonne santé et j'ai trouvé un boulot de nuit qui me permettait de payer ma chambre de bonne et de me nourrir assez régulièrement.
Et puis, à force de recherche et de conseils, j'ai réussi à décrocher un emploi à la mesure de mes compétences. Ou tout au moins, un emploi dont je pouvais être fier.
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et quand j'ai atteint ma vie d'adulte, c'est à dire la trentaine, j'avais un emploi qui me plaisait, je travaillais pour une immense administration, j'étais réputé pour mes compétences, mais d'abord et avant tout pour mon sens du service public et mon dévouement.
Je ne compte pas mes heures, j'ai une responsabilité et je fais le nécessaire pour atteindre mes objectifs. Je ne me repose sur personne, je ne blâme personne, je fais mon travail et si le travail est mal fait, j'en prends l'entière responsabilité. Toujours. Sans jamais faire d'exception. Mais mon travail est souvent bien fait.
Je paie des impôts sans jamais rechigner
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et quand je suis malade, je ne vais pas chez le médecin pour éviter d'entendre ou d'écouter : « Ces Arabes ! Quels profiteurs ! » Et la carte Vitale, je ne sais même pas comment c'est fait. Je crois que c'est
une carte verte, comme aux USA, avec une photo aujourd'hui imposée. J'ai fait le choix de ne pas en avoir. Les Français n'aiment pas les malades et les profiteurs étrangers… Ou les deux à la fois souvent !
Je paie des impôts sans jamais rechigner car j'estime que c'est normal et Dieu sait que je suis redevable aux impôts de m'avoir permis de bénéficier d'une éducation et de quelques formations.
Je n'ai pas d'épouse, je n'ai pas d'enfants. C'est un choix personnel parce que je crois qu'ils seraient malheureux dans cette drôle de France qui ne ressemble plus du tout à celle qui m'a vu naître.
J'ai honte du président français actuel
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et depuis 2007, j'ai peur. Alors que je fais souvent preuve de courage. J'ai peur de la majorité des Français qui votent Sarkozy, j'ai honte du président français actuel, je suis triste de voir que mes contemporains, se réclamant la plupart du temps « de souche », possèdent un esprit si pauvre, si sectaire, si intolérant et depuis quelques jours, j'apprends que l'Etat français souhaite instituer de nouvelles catégories de citoyens : ceux issus de l'immigration récente et ceux issus d'une immigration lointaine, car n'en doutez pas un seul instant, aucun Français n'est issu de la Gaule antique.
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et espère ne pas dépasser les 50 ans. Parce qu'en fait, je suis trop fier. J'ai beau être un français dont l'origine « immigrationnelle » est récente, je pense avoir acquis plus d'éducation, de savoir vivre, d'humanité, de sens civique, de responsabilité et de respect de mes concitoyens que la plupart des Français de souche qui souhaitent la mise en place d'une hiérarchisation citoyenne basée exclusivement sur l'origine ethnique et dont le porte-drapeau n'est autre qu'un digne descendant de Charlemagne, j'ai nommé Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa…
J'ai 40 ans, je suis né dans la campagne française et me considère aujourd'hui, par la force des choses et le choix des citoyens, comme un étranger en mon pays. Ou peut-être, bientôt… apatride.
Ne m'en voulez pas pour mes propos mais, sincèrement, j'ai honte de mon pays.