6 juil. 2011

Les entreprises contraintes à la diversité à Paris

La Ville de Paris lance des mesures "très innovantes" (dixit le communiqué de presse du 04/07) pour favoriser la diversité et lutter contre les discriminations à l’emploi, via ses marchés publics. ces discrimations concernaient 47% des réclamations faites à la HALDE en 2010.

En effet, la ville de Paris veut assurer une meilleure promotion de la diversité dans les marchés publics qu'elle signe avec les entreprises privées. Elle met donc en place de nouvelles actions en direction des entreprises pour les inciter à mener une politique de diversité dans leurs recrutements et gestions de carrières.
Un bilan six mois avant la fin de l'exécution du marché devra être réalisé par le titulaire du marché afin d'évaluer les démarches entreprises dans le domaine de la lutte contre les discriminations. « ça nous permet de mesurer l'écart entre ce que l'entreprise dit et ce qu'elle fait réellement », précise Camille Montacié, adjointe PS chargée des marchés et de la politique des achats. Il est important de s'assurer que les engagements pris par les entreprises concernées seront respectés à l'aide de moyens coercitifs en cas de besoin.
Cette initiative de la mairie anticipe la nouvelle loi des marchés publics. Il ne suffira de voter ladite loi mais surtout veiller à son application. Peut-on y croire ?

6 mai 2011

Affaire des quotas chez les bleus : l'avis des Africains

La polémique des quotas envisagés à la Fédération Française de Football fait rage en France. L'idée surprend et choque en Afrique comme en témoignent ici quelques acteurs du terrain. 
D'autant plus que les joueurs qui se tournent vers d'autres sélections nationales, le font une fois que les portes de l'équipe de france leur sont fermées.

Antar Yahia (capitaine de l’Algérie – FootAfrica365) : « Domenech a bien couru derrière Higuain »
« Quand on regarde l’équipe de France, on se rend compte que des joueurs d’origine maghrébine et africaine, il y en a pas mal. Ce n’est pas non plus un mouvement massif de retour vers les pays d’origine. Lilian Thuram a très bien dit les choses. Benzema, Nasri ou M’Vila jouent avec la France. Domenech a bien couru derrière Higuain et, à ce que je sache, il n’avait jamais été formé en France. Et puis, il ne faut pas oublier les joueurs qui ont été bloqués en ne faisant qu’une sélection dans leur vie et qui n’ont plus jamais joué derrière. Au final, la France s’y retrouve bien. Elle n’est pas non plus pillée. La formation française est reconnue mondialement. Quant à l’Afrique et à la France, qu’on le veuille ou non, l’histoire nous lie. Elle est commune. C’est ainsi, et ça rentre dans un processus de mondialisation du football. »

Rabah Saâdane (ancien sélectionneur de l’Algérie – L’Equipe) : « Les Benzema, Nasri… choisiront toujours la France »
« C’est un faux problème. Ce n’est pas un danger pour le foot français. Au contraire, cela prouve sa richesse. Les joueurs que l’on récupère sont des joueurs qui sont bloqués en France, qui n’ont pas la possibilité de jouer en A. Les joueurs exceptionnels comme Benzema, Nasri se décideront toujours pour la France, car c’est une sélection attractive qui peut leur permettre de devenir une star mondiale. »

Paulo Duarte (sélectionneur du Burkina Faso – Blogolo) : « On récupère les restes »
« Nous, on récupère les restes et c’est déjà beaucoup. Parce que la France possède énormément de joueurs de grande qualité et c’est le premier pays à offrir des joueurs à l’Afrique. Le foot français garde les meilleurs et les pays africains prennent les autres. La plupart de ces joueurs attendent trois, quatre ans avant de basculer vers leur pays d’origine. On ne peut pas contrôler les choix futurs des joueurs bi-nationaux. Ou alors on leur coupe les jambes à la naissance ! »

Rabah Madjer (ancien international algérien – Blogolo) : « C’est un scandale »
« Je ne m’y attendais pas. C’est quand même un scandale. En France, il y a toujours eu des binationaux. Ça a toujours été le cas. La question est de savoir s’ils comptaient faire de même dans les autres disciplines. Après tout, beaucoup d’athlètes d’origine étrangère ont apporté des médailles à la France. Il y a beaucoup de joueurs français d’origine algérienne en France. C’est un fait historique et démographique. Mais les meilleurs d’entre eux choisissent la France, à l’image d’un Zidane ou d’un Benzema. Il faut respecter le choix de chacun. C’est une décision personnelle et de cœur. »

Alain Giresse (sélectionneur du Mali – afrik-foot.com : « La France ne peut pas se plaindre : c’est elle qui choisit ! »

« Pour moi, il y a deux débats qui se mélangent. A tort. Le premier, c’est le « problème » des binationaux : le foot français regrette les joueurs qu’il a formé. Mais, si la France ne les prend pas, où est le problème ? Les joueurs qui sont passés par les moins de 19, les moins de 20, les Espoirs… veulent aller en équipe de France A. S’ils ne sont pas pris, ils viennent dans leur pays d’origine. La France ne peut pas se plaindre : c’est elle qui choisit ! Nous, on utilise le règlement de la FIFA. On démarche les binationaux. Prenez le petit Sissoko de Toulouse et ses trois sélections, regardez s’il est rappelé plus tard… Il est bloqué « au cas où » avec les Bleus mais il ne connaître jamais de grandes compétitions. La France veut le beurre et l’argent du beurre. Ensuite, il y a le débat des joueurs grands, costauds et puissants. C’est un registre de joueurs que la DTN a préconisé à une époque. C’est une erreur puisque cela s’est fait au détriment de ce que le football français sait faire : nous sommes des joueurs de type latin, des créateurs… D’ailleurs, moi, vous croyez pas que j’en ai connu de la discrimination parce que je suis tout petit ? Je n’ai connu que l’équipe de France à 28 ans ! »

Gaëtan Bong (défenseur du Cameroun – afrik-foot.com) : « Un coup de poignard dans le football »

« Moi, quand j’ai choisi le Cameroun, c’était vraiment le choix du cœur. J’y réfléchissais depuis longtemps. Quand je portais le maillot de l’équipe de France Espoir, c’était une fierté mais je ne me posais pas de question… La France m’a donné beaucoup, je lui ai rendu. J’aurais pu lui en rendre plus mais bon… Cette histoire de quota, c’est vraiment bête. Dans le football, il ne doit pas y avoir de quotas. La France est ainsi faite qu’elle s’est construite aussi grâce à l’immigration. Il ne faut pas limiter ça, ce serait un coup de poignard dans le dos du football. La France est devenue forte grâce à ses joueurs issus de l’immigration. Prenez France 98. Sans les Zidane, Henry, Vieira, Desailly, Thuram… Enlever les immigrés, c’est faire perdre beaucoup de potentiel. »

Amara Traoré (sélectionneur du Sénégal – APS) : « Où sont passés Ibrahim Ba et Bafé Gomis ? »

« Les pays africains ne l’accepteront pas. Ils ont tellement souffert de ça. On peut donner des exemples dans l’autre sens pour le cas du Sénégal. Où sont passés Ibrahima Ba, Bafé Gomis, Samba Ndiaye, Etienne Mendy. Ils ont joué un match pour l’équipe de France et après, ils ont disparu. Le cas le plus pathétique, c’est celui de Bafé Gomis. Il y a aussi le cas du Toulousain Moussa Cissokho. »

Robert Nouzaret (sélectionneur de la RDC – afrik-foot.com) : « Le premier critère, c’est la qualité du joueur »

« Connaissant la plupart des membres de la DTN, je suis surpris. On a fait un amalgame très vite : en France, on parle facilement de racisme et de discrimination. La vérité, c’est que le premier critère, il est sportif. On prend les meilleurs pour gagner, qu’ils soient blanc, noir, gris, bleu ou vert… Le premier critère, c’est la qualité du joueur. Moi, que ce soit avec la Côte d’Ivoire, la Guinée ou bien la RDC, j’ai l’habitude de ce problème de double nationalité. Cela fait partie du jeu : on cherche à profiter des joueurs qui ne sont pas appelés par la France, la Belgique, l’Angleterre… On les récupère et cela permet d’améliorer le niveau des équipes africaines. C’était d’ailleurs l’objectif de la FIFA quand ils ont modifié la règle concernant les sélections. »

Jacques Faty (défenseur du Sénégal – Sport24) : « Les quotas, ce n’est pas récent »

« C’est scandaleux, c’est choquant. Une enquête est en cours et des têtes vont tomber, c’est sûr. Je rejoins parfaitement l’avis de Francis Smerecki (entraîneur des moins de 20 ans, NDLR) qui a parlé de discrimination raciale et morphologique. Je rejoins aussi l’avis de monsieur Merelle, l’ancien directeur de Clairefontaine et qui était mon mentor, qui rappelait que cela lui avait déjà été dit implicitement lorsqu’il était en poste. Donc, ce n’est pas quelque chose de récent. Ça date d’il y a quelques années. »

Medhi Benatia (défenseur du Maroc – Compétition) : « Je n’ai aucun regret d’avoir choisi le Maroc »

« Je peux vous dire qu’en voyant la ferveur et l’engouement au pays, la fierté que ça représente pour ma famille, je n’ai aucun regret d’avoir choisi le Maroc. »

30 mars 2011

laïcité : une mise en garde religieuse

La Conférence des responsables de culte en France, créée le 23 novembre dernier, se fait connaitre du grand public par une tribune commune de ses membres (représentants des six grandes religions de France) publiée ce jour dans La Croix et Le Parisien. Dans leur déclaration (texte intégral à lire), ces responsables religieux prennent position et lancent une mise en garde solennelle à ceux qui veulent obstinément un débat sur la laïcité et l'islam.

Sarkozy et Benoît XVI au Vatican le 20 décembre (Osservatore Romano/Reuters)

En effet, ils soulignent que «la laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble».
«Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis», mettent-ils en garde, en estimant «capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation».
«Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. (…) Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul?», s’interrogent-ils.

Les religieux disent à leur manière qu'ils n'assisteront pas à ce débat, tout comme François Fillon. C'est à désespérer Nicolas Sarkozy, le chanoine de Latran.

Signataires de l'appel :
Cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, avec Mgr Laurent Ulrich, vice-président de la Conférence des évêques de France
Pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, avec le pasteur Laurent Schlumberger, membre du Conseil de la Fédération protestante de France, président du Conseil national de l’Église réformée de France
Métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, avec le Métropolite Joseph, secrétaire de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France et Carol SABA, porte-parole de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France
Grand rabbin Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France, avec le rabbin Moshé Lewin, porte-parole du Grand rabbin de France
Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, avec Anouar Kbibech, secrétaire général du Conseil français du culte musulman
Révérend Olivier Wang-Genh, président de l’Union bouddhiste de France

28 mars 2011

La laïcité devient une menace du pacte républicain

Après le débat sur l'identité nationale, celui sur la laïcité est clairement un débat stigmatisant de l'islam. Jean-Louis Borloo,sceptique vis-à-vis du bien-fondé de ce débat, a  récemment déclaré que la laïcité ne doit pas être une arme braquée sur une religion.
Voici un poids lourd du parti de Nicolas Sarkozy qui reconnait implicitement que c'est bien la religion musulmane qui est la cible principale de toute cette tambouille populiste.

Le président de la Fédération protestante de France, perplexe, nous éclaire encore mieux par ses propos au micro de France Inter.



Pour mémoire, Nicolas Sarkozy est bien celui qui disait "non à l'islam des caves" en 2002, comme l'illustre ce petit reportage. Aujourd'hui il veut à tout prix un débat sur l'islam.

A force de stigmatiser une partie de la population, d'opposer les uns contre les autres, c'est le pacte républicain que l'on cisaille consciencieusement.

26 mars 2011

La droite en peine avec la diversité en colère

La diversité en colère
L'ancien conseiller du président à la diversité, Abderrahmane Dahmane,a été viré par Nicolas Sarkozy pour avoir critiqué sa campagne sur la laïcité et l'islam. Notamment, en évoquant publiquement l'exaspération des musulmans qui se sentent traités comme des boucs émissaires. Cet épisode semble avoir abouti à la création de « l'union des Français musulmans », sorte de branche musulmane de l'UMP. Le but de la manœuvre ? Tenter certainement de rassurer l’électorat musulman.

Maintenant, le chef de file du Cercle de la diversité, un mouvement affilié à l’UMP rassemblant des cadres d’origine africaine, vient de claquer la porte du parti présidentiel. Pour quelle raison ? Dogad Dogui explique : « il y avait déjà eu le discours de Grenoble de Sarkozy, maintenant, c’est le ni-ni (ni FN ni PS) et les déclarations de Guéant, la coupe est pleine».
Dogad est déçu et en colère, car il fait partie de ceux qui avait cru au discours mystificateur du candidat Nicolas Sarkozy.

Alors verra-t-on l’avènement de l'union des Français d'origine africaine d'ici 2012 ? Les paris sont ouverts.

24 mars 2011

La France a besoin de 10 millions d'immigrés

Deux économistes affirment que la France a besoin de 10 millions d'immigrés d'ici 2040 pour sauver son économie moribonde : Le salut de la France passe donc par un recours massif de l'immigration. Encore faut-il que ces migrants optent pour l'Hexagone.

Comment intégrer ces 10 millions d'arrivants alors que la France a déjà tant de mal à le faire avec les enfants d'immigrés ?

Valérie Rabault : nous ne sommes pas naïves. La tâche ne sera pas facile. Un des moyens les plus efficaces pour intégrer ces immigrés est de mettre à bas la ghettoïsation. Selon une étude réalisée par des chercheurs américains, le coût de la ghettoïsation représente 3,8 % du PIB des États-Unis. Rapporté au PIB français, toutes choses égales par ailleurs, on frôle les 80 milliards d'euros. On pourrait faire beaucoup de choses pour stopper ce phénomène.


Mais il n'y a pas que l'argent qui compte !

Karine Berger : il faut que les immigrés aient des modèles, qu'ils soient persuadés que l'ascenseur social n'est pas bloqué au rez de chaussée pour eux. Les arrivées au gouvernement de Rama Yade, de Fadela Amara, de Rachida Dati furent très positives. Mais ces exemples sont peu nombreux. Combien y a t il de personnes issues de l'immigration à la tête d'entreprises du CAC 40 ? Aucune.?

Elles ont répondu ici aux questions de La Tribune.fr

"Les Trente Glorieuses sont devant nous", édition Rue Fromentin, 20 euros.

23 mars 2011

Le travail illégal n'est pas qu'une affaire de clandestins

Le travail dissimulé ne se limite pas à l'emploi de travailleurs immigrés clandestins. Il concerne aussi de nombreux Français. Le renforcement de la répression en cours actuellement vise pourtant exclusivement les sans-papiers.


Trop souvent, on fait l'amalgame entre travail clandestin et immigration illégale. De nombreux immigrants travaillent certes clandestinement, mais la grande majorité de ceux qui travaillent clandestinement ne sont pas des immigrés illégaux. Le projet de loi sur l'immigration discuté actuellement au Parlement prévoit des "normes minimales concernant les sanctions et les mesures à l'encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ".

Est-ce à dire que les employeurs de Français au noir peuvent dormir tranquille ?

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