29 sept. 2010

Sarkozy champion de l'extrême droite européenne selon la presse



Le très sérieux hebdomadaire britannique The Economist du vendredi 10 septembre laissait entendre en couverture que le président Sarkozy rétrécit : on y voit une Carla Bruni pimpante suivie par un chapeau de Napoléon muni de courtes jambes. On devine un Nicolas Sarkozy enseveli par un couvre-chef trop grand pour lui.

La "une" de l'hebdomadaire britannique "The Economist" de vendredi 10 septembre.



La "Une" indigne


Maintenant, c'est au tour de l'hebdomadaire américain Newsweek de choisir le chef de l'Etat français pour illustrer sa "une", consacrée à la montée de l'extrême droite en Europe.

La "une" du magazine américain "Newsweek" pour la semaine du 4 octobre.
D.R.
La "une" du magazine américain "Newsweek" pour la semaine du 4 octobre.

Si Nicolas Sarkozy a perdu de ce côté-ci sa stature présidentielle, il a gagné de l'autre l'indigne honneur de représenter la droite dure et populiste européenne.
Il ne s'en plaindra pas, tant qu'il est sur un podium.

28 sept. 2010

La politique sécuritaire de Sarkozy indigne Chamoiseau

Du tract poétique à la carte postale

L'écrivain Patrick Chamoiseau, auteur de Texaco, a pris l'initiative d'écrire quelques lignes pour manifester son indignation face à la politique de Sarkozy : "De la création d'un ministère de l'Identité nationale à la stigmatisation-expulsion-punition-collective des Roms, en passant par les nationalités conditionnelles de seconde zone, se dessine en France un effondrement éthique d'une ampleur sidérante. Une indécence majeure qu'aucun bénéfice politicien ne saurait justifier. De très vieilles ombres sont de retour et nous fixent sans trembler ".


Aussi, La Maison des Passages a relayé l'initiative de l'écrivain en imprimant des cartes postales protestataires à adresser au président de la République.


Il me semble que ce "tract poétique" interpelle les citoyens que nous sommes, nous alerte sur la banalisation de l'inacceptable et l'étiolement de notre vigilance. 
Je continue à penser que l'insécurité et l'immigration ne sont pas responsables du malaise de la société française.

1 sept. 2010

Racisme : les experts de l'Onu agacent la France

Lors de ses recommandations rendues vendredi 27 août 2010 à Genève, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (Cerd) s'inquiète de la tenue de discours politiques de nature discriminatoire en France. Le Comité est en outre préoccupé de noter une augmentation récente des actes et manifestations à caractère raciste et xénophobe sur le territoire national ainsi que sur le développement de discours racistes sur internet.

Le Comité recommande ainsi à la France, lorsqu’elle aborde des questions liées aux composantes ethniques, raciales, culturelles ou étrangères de la population, "d’affirmer dans ses discours et ses actions toute sa volonté politique en faveur de la compréhension, la tolérance et l’amitié entre nations, groupes raciaux ou ethniques". L'ONU recommande en outre à la France "d’intensifier ses efforts afin de combattre et d’enrayer la montée du racisme et de la xénophobie en utilisant tous les moyens, notamment en condamnant fermement tous discours racistes ou xénophobes émanant des responsables politiques et en prenant les mesures appropriées pour combattre la prolifération d’actes et manifestations racistes sur internet".

Loin de promettre suivre ces recommandations onusiennes, certains responsables s'agacent et, notamment le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, contestent la légitimité du Cerd, arguant qu'il se compose de représentants de pays peu recommandables en matière de droits de l'homme, dont l'Algérie, la Russie, la Roumanie : l'argument est irrécevable car le Cerd est composé d'experts indépendants et non de représentants de gouvernements.

17 août 2010

Quand la réalité de Besson n'était pas celle de Hortefeux

Un extrait de l'émission "Ripostes" sur France 5, datant de janvier 2007, offre un échange croustillant entre deux futurs membres du gouvernement Sarkozy.



Eric Besson accuse Brice Hortefeux de "prendre ses désirs pour des réalités" et accuse Nicolas Sarkozy d'être en échec sur la lutte contre la délinquance, chiffres à l'appui. "La stratégie de Nicolas Sarkozy est de masquer la réalité", explique-t-il.

S'agissant du bouclier fiscal, Besson dénonce la politique fiscale injuste que promet Nicolas Sarkozy. Mais Hortefeux estime qu'"Eric Besson ne connaît pas la réalité", moque l'ouvrage coordonné par Eric Besson qui dénonce la politique de Nicolas Sarkozy, "néoconservateur américain à passeport français".

Présent sur le plateau, Philippe Val, futur patron de France Inter dénonce la "société violente" que prépare Nicolas Sarkozy.

Finalement, Sarkozy n'avait pas eu tort d'emprunter à la gauche son slogan de campagne : "tout est possible". Aujourd'hui, les protagonistes d'hier défendent la politique de Sarkozy en masquant certainement la réalité.

13 août 2010

Pourquoi Mohamed l'ingénieur quitte la France

« Ma décision est prise. Je rentre définitivement au Maroc en 2011. » Mohamed, ingénieur de 25 ans, témoigne dans une tribune sur rue89.

Depuis près d'un an (avec le lancement du débat sur l'identité nationale), plusieurs membres du gouvernement et de la majorité ont mulitpliés les amalgames, les propos racistes à peines voilés.
En tant qu'immigré marocain, je vis toutes ces déclarations et lois sécuritaires qui visent particulièrement la communauté musulmane (et depuis quelque temps les gens du voyage et les Roms) comme une profonde humiliation. C'est pour ça que je rentre chez moi… Et je ne suis pas le seul.
Je suis ingénieur, 25 ans, gagnant 2 700 euros net par mois, je n'ai jamais été arrêté ni même contrôlé de ma vie, je suis athée (agnostique pour être précis), j'adore le saucisson, la bonne bière, le rugby et passe mes étés à faire la tournée des festivals. Je ne fais donc pas partie de la catégorie de personnes visée par les attaques populistes de l'UMP.
Toutefois, deux phénomènes ont été, à mes yeux, clairement aggravés par ces propos décomplexés.
  1. Le premier est que les gens (Français) ne comprennent pas pourquoi c'est blessant pour moi d'entendre des blagues racistes.
    Evidemment, j'ai toujours eu droit aux blagues racistes depuis mon arrivée en France. J'en riais, mais je me suis cependant toujours gardé le droit de remettre les personnes à leur place quand leurs blagues sont blessantes et/ou pas drôles.
    Depuis un an, je ne supporte plus les blagues racistes. Le fait qu'un ministre de l'Intérieur fasse une de ces blagues montre à quel point les clichés sont profondément implantés dans l'imaginaire français. Et le fait que l'on me rapporte à un cliché m'est devenu insupportable.
  2. Le second point est le regard de « la petite vieille » dans la rue. Son regard est plus vif. Son sac est plus serré entre ses bras. Ses jambes bougent plus vite quand je passe trop près. Et, personnellement, je comprends cette dame ou ce monsieur (parce qu'un homme peut très bien correspondre au concept de « la petite vieille ») qui, en ouvrant son journal ou en allumant sa télé, entend que la délinquance est liée à l'immigration, que le jeune musulman n'a pas de travail, que l'islam est incompatible avec les valeurs de la France… Moi-même j'ai peur d'y croire.

Resté en France après les études
Je fais partie de la communauté des étudiants étrangers restés en France pour travailler après la fin de leurs études. Cette communauté est loin d'être négligeable en écoles d'ingénieurs. Dans la mienne (une des grandes écoles françaises), la proportion d'étudiants marocains (qui n'ont pas la nationalité française) dépasse les 15%. Je retrouve une proportion de 10% dans le milieu du travail.
Mes connaissances rapportent des proportions équivalentes (entre 10% et 15%) parmi leurs collègues dans les domaines des télécoms, de l'informatique ou encore dans la finance. Le Maroc est ainsi un gros fournisseur d'ingénieurs à la France (je n'ai néanmoins pas connaissance de chiffres précis).
Cependant, ces personnes repartent de plus en plus souvent dans leur pays d'origine. En effet, le gouvernement marocain investit massivement dans des politiques encourageant le « nearshoring » [délocaliser à proximité, ndlr], notamment dans le domaine des nouvelles technologies.
Ces politiques impliquent un appel d'air pour les ingénieurs. Le marché du travail des ingénieurs est d'ailleurs très demandeur. Des anciens camarades d'école ont pu obtenir des salaires approchant les 20 000 dirhams net par mois (dix fois le smic ! ) à la sortie de l'école d'ingénieurs.
La dynamique du pays (la situation est à étendre à d'autres pays) est telle que la croissance est de 5%. Ce chiffre est à comparer avec la situation économique actuelle.

Agnostique et mal à l'aise

Je suis parti du Maroc parce que la liberté de culte n'y est pas respectée… Mais elle ne l'est pas plus en France. J'ai quitté le Maroc pour plusieurs raisons. La première est qu'à mon adolescence, je me suis rendu compte que j'étais agnostique, ce qui est profondément incompatible avec la pratique de l'islam de ma famille et de la société marocaine dans son ensemble.
La deuxième est le vide culturel et artistique de la société marocaine. Je rêvais, en effet, de pouvoir jouer de la musique, assister à des concerts, aller au cinéma, assister à des expositions et visiter des musées.
Ma ville natale (Agadir) en manquait terriblement. Il n y avait qu'une salle de cinéma insalubre qui ne passe que des blockbusters âgés de quelques années. Il n y avait ni musée ni expositions. Et le seul style de musique est la musique populaire ou la musique électronique qui passe en boîte (et je n'aime ni l'un ni l'autre).
Là encore, les choses changent. La libéralisation des mœurs est en cours, les jupes raccourcissent, les bars sont bondés, les festivals se créent continuellement, et des groupes de rock, de rap ou de reggae gagnent en notoriété. On est évidemment loin de la richesse et de la diversité de la culture française mais la culture marocaine est en pleine évolution. Les Marocains sont de plus en plus ouvertement athées et le modèle familial leur donne plus d'indépendance.

« Ma tête et mon prénom feront toujours de moi un musulman »

D'un autre côté, en France, je suis considéré comme musulman. Mon entourage ne comprend pas que je puisse être agnostique avec mon prénom (Mohamed). On ne comprend pas pourquoi je ne fais pas le ramadan. En deux jours, j'ai dû entendre une dizaine de fois, sur le ton de la blague, que je « finirai en enfer ».
Ma (non) confession n'est pas acceptée, parce que mon origine marocaine, ma tête et mon prénom feront toujours de moi un musulman en France. C'est pour cela que je me sens visé par toutes les attaques directes ou indirectes contre l'islam en France.
Ma décision est prise. Je rentre définitivement au Maroc en 2011 puisque les raisons de mon départ du Maroc n'ont plus lieu d'être et les raisons de mon bien-être en France s'estompent.
De plus, je pense que je ne suis pas le seul à avoir pris cette décision. Mais cela reste à quantifier, parce qu'un Arabe qui rentre chez lui, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qui rentrent chez eux que ça ne va plus.